On me demande souvent si Bruxelles ne me manque pas.
Forcément... Après avoir passé 30 ans dans une capitale, c'est sûr que ça change la vie de se retrouver d'un coup au milieu de nulle part. Et quand je dis "au milieu de nulle part", je veux dire avec le premier voisin à 2 kilomètres.
Mais dans la pratique, on s'habitue quand même vite à vivre au milieu de la nature et de manière isolée. En fait, je pense que je ne serais plus capable de vivre dans une ville aujourd'hui. Même si j'ai adoré mon enfance, mon adolescence et ma vie de jeune adulte à Bruxelles.
J'ai quand même relevé une série de détails, importants ou non, qui demandent un minimum d'adaptation suite à une expatriation de ce genre.
Hormis le fait de quitter la Belgique pour la France (car il faut bien l'avouer, la mentalité n'est pas toujours pareille), il y a aussi le fait de quitter la ville pour la campagne...
Voici donc une petite liste non exhaustive des changements ville-campagne :
1) Les insectes :
Avant, tu avais peur de tout ce qui volait en faisant bzzz.
Avant, tu avais peur de tout ce qui volait en faisant bzzz.
Aujourd'hui, c'est toi qui rassures tes potes quand ils viennent en vacances que non, ils ne risquent rien, ce n'est qu'une mouche / une coccinelle / un papillon. Oh ! Un frelon ! Qu'il est mignon !
2) Le silence :
Avant, tu habitais au-dessus d'une galerie commerçante, dont les magasins se faisaient livrer la nuit. Un camion par heure qui débarquait sa marchandise sous tes fenêtres, chaque nuit. Auxquels s'ajoutaient les bruits des sirènes, des klaxons, des mecs bourrés qui sortaient de boîte en gueulant à 5 heures du mat'. Et tu dormais sur tes deux oreilles.
Aujourd'hui, tu t'endors en écoutant le bruit des grillons et tu te réveilles dès qu'un chien aboie au loin ou que le bois d'une marche d'escalier craque un peu en travaillant à cause des changements de température.
Avant, tu habitais au-dessus d'une galerie commerçante, dont les magasins se faisaient livrer la nuit. Un camion par heure qui débarquait sa marchandise sous tes fenêtres, chaque nuit. Auxquels s'ajoutaient les bruits des sirènes, des klaxons, des mecs bourrés qui sortaient de boîte en gueulant à 5 heures du mat'. Et tu dormais sur tes deux oreilles.
Aujourd'hui, tu t'endors en écoutant le bruit des grillons et tu te réveilles dès qu'un chien aboie au loin ou que le bois d'une marche d'escalier craque un peu en travaillant à cause des changements de température.
3) Le permis :
Avant, tu t'en foutais de ne pas avoir de voiture, de toute façon, tu n'avais même pas le permis. Tu prenais les "transpirent en commun" dans la joie et la bonne humeur, tu connaissais le plan du métro par cœur ainsi que toutes les lignes de bus et de trams.
Avant, tu t'en foutais de ne pas avoir de voiture, de toute façon, tu n'avais même pas le permis. Tu prenais les "transpirent en commun" dans la joie et la bonne humeur, tu connaissais le plan du métro par cœur ainsi que toutes les lignes de bus et de trams.
Aujourd'hui, tu trouves ça normal de faire une heure de voiture pour aller au supermarché.
4) La neige :
Avant, dès qu'il y avait trois flocons, tu râlais car les 2 centimètres de neige sur les trottoirs allaient faire de la boue dégueulasse qui allait tacher le bas de ton pantalon et tu pestais sur les automobilistes incapables de rouler sur la neige qui bloquaient tout le centre-ville.
Aujourd'hui, tu déblayes les 90 centimètres de neige devant ta porte en t'extasiant sur la beauté du paysage et tu vas faire tes courses en rigolant car le verglas te fait déraper dans les tournants. De toute façon, t'as des bons pneus hiver.
5) Les voisins :
Avant, tu habitais dans un immeuble avec une centaine d'habitants, sur une grande avenue avec des milliers d'habitants, tu disais bonjour à la boulangère et au facteur par politesse mais ils ne savaient pas qui tu étais. Et il y avait toujours ce silence gêné dans l'ascenseur quand tu te retrouvais en tête-à-tête avec un voisin, dont tu ignorais le nom, car tu le désignais seulement comme "le mec du 5ème".
Avant, tu habitais dans un immeuble avec une centaine d'habitants, sur une grande avenue avec des milliers d'habitants, tu disais bonjour à la boulangère et au facteur par politesse mais ils ne savaient pas qui tu étais. Et il y avait toujours ce silence gêné dans l'ascenseur quand tu te retrouvais en tête-à-tête avec un voisin, dont tu ignorais le nom, car tu le désignais seulement comme "le mec du 5ème".
Aujourd'hui, tu traverses le village et les gens savent que c'est toi avant même de voir ta voiture car ils reconnaissent ta voiture au bruit du moteur. Ils connaissent tout de ta vie, ou du moins ce qu'ils pensent en connaître grâce aux rumeurs qui courent sur toi, et toi-même tu as entendu toutes les rumeurs imaginables qui courent sur eux. Tu sais même ce qu'ils vont manger à midi car tu les as croisés au supermarché et tu as vu le contenu de leur caddie. Tu connais leur nom, mais aussi la liste de leurs ex et t'en demandes vraiment, mais alors vraiment, pas tant.
6) Ton adresse :
Avant, tu avais un numéro de rue et même un numéro de boîte aux lettres. Et un code pour rentrer dans l'immeuble.
Avant, tu avais un numéro de rue et même un numéro de boîte aux lettres. Et un code pour rentrer dans l'immeuble.
Aujourd'hui, tu n'as même plus de numéro de rue. En fait, tu n'as même plus de nom de rue non plus. C'est juste un mot. Un lieu-dit. Et parfois, ça pose problème avec l'administration ou quand tu remplis des formulaires en ligne. Et pourtant, la Poste te trouve toujours. Ce qui n'est pas le cas des entreprises de livraison privées. Malgré leur véhicule équipé d'un GPS. D'ailleurs, elles sont obligées de sous-traiter car elles ne viennent même pas jusqu'à ton coin reculé. Et "livraison en 24 heures ouvrées" signifie désormais pour toi "livraison dans 7 jours SI le col n'est pas fermé à cause de la neige".
7) Les courses et la nourriture :
Avant, si tu avais la flemme de cuisiner, tu pouvais aller manger n'importe quelle cuisine du monde dans un petit restaurant à deux pas de chez toi ou te faire livrer en 30 minutes à domicile.
Avant, si tu avais la flemme de cuisiner, tu pouvais aller manger n'importe quelle cuisine du monde dans un petit restaurant à deux pas de chez toi ou te faire livrer en 30 minutes à domicile.
Aujourd'hui, tu rencontres des adultes qui n'ont jamais mangé de sushis de leur vie et tu pleures si jamais tu as oublié d'acheter du pain. D'ailleurs, tu as toujours une baguette de réserve dans l'un de tes deux énormes congélateurs dans la cave et tu as de quoi tenir quelques semaines avec des conserves. Tu as même appris à faire des conserves. Et un potager.
8) "Bonjour !" :
Avant, c'est limite si on te regardait de travers quand tu entrais dans la boulangerie en lançant un joyeux "Bonjour !" à la cantonade.
Aujourd'hui, tout le monde dit bonjour. Tout le temps. Même les deux cyclistes qui passent devant ta maison. Même quand tu prends ta voiture, tu croises toujours d'autres automobilistes qui te font signe et tu ne le réalises qu'une fois croisés, lorsqu'il est trop tard pour leur rendre leur bonjour car tu n'es pas habitué à scruter chaque passager de chaque voiture que tu croises sur ta route. Tu regardes déjà la route, c'est pas suffisant ?
Aujourd'hui, tout le monde dit bonjour. Tout le temps. Même les deux cyclistes qui passent devant ta maison. Même quand tu prends ta voiture, tu croises toujours d'autres automobilistes qui te font signe et tu ne le réalises qu'une fois croisés, lorsqu'il est trop tard pour leur rendre leur bonjour car tu n'es pas habitué à scruter chaque passager de chaque voiture que tu croises sur ta route. Tu regardes déjà la route, c'est pas suffisant ?
9) Les pannes à cause de la météo :
Avant, il n'y avait presque jamais de coupures d'électricité.
Aujourd'hui, au premier coup de tonnerre, tu prépares la lampe torche, les bottes et le parapluie pour aller rallumer le disjoncteur si jamais il saute. Et tu prépares les bougies au cas où. Tu préviens d'ailleurs ta famille et tes amis à Bruxelles que tu risques de ne pas être joignable dans les heures qui suivent, à cause de l'orage. Car il y a des pannes de courant, d'internet, de téléphone, de télé et même de réseau mobile. Bref, tout ce qui te relie au monde extérieur. Tu pleures toutes les larmes de ton corps en comptant les secondes entre chaque éclair et coup de tonnerre, pour calculer si l'orage s'éloigne ou non... Parfois même, il suffit simplement que le mistral souffle un peu fort pour que tu n'aies plus de réseau mobile.
10) La sécurité :
Avant, tu as été victime d'un cambriolage, d'une tentative de cambriolage, d'un vol de téléphone portable dans le métro, d'une effraction de ta voiture la nuit sur un parking, ... Et autres joyeusetés.
Aujourd'hui, tu fermes ta porte à clé... Parfois. Quand tu y penses. Ça t'arrive de rentrer chez toi en te rendant compte que tu as oublié les clés sur la porte. A l'extérieur. Ou tu te réveilles le matin en réalisant que la veille, tu n'as pas fermé ta voiture à clé. Mais qu'en plus, tu as laissé traîner tes clés de voiture sur la table devant la maison toute la nuit. Puis, de toute façon, tu as des chiens. Leurs aboiements servent de sonnette. Ça fait d'ailleurs deux ans que tu n'as pas remplacé les piles de la sonnette d'entrée alors qu'elles sont mortes.
11) Le rythme de vie :
Avant, tu t'achetais une couque le matin que tu mangeais dans le métro, avant d'arriver volle petrol au boulot. Tu allais saluer ton horrible boss mégère avant de t'asseoir à ton bureau derrière une énorme pile de dossiers tout en rêvant de ton lit... Le midi, tu allais vite t'acheter un pistolet à l'américain préparé parce que ça te goûtait bien. A 17h, tu allais rejoindre tes potes pour boire une pin'tje et zieverer en terrasse en essayant de ne pas te prendre une douffe, ou tu allais simplement porter tes vêtements à la wasserette. S'il y avait une kermesse, tu t'achetais des smoutebollen ou des ballekes au fritkot. T'étais une brusseleir, quoi.
Aujourd'hui, fini les couques. Voici l'ère des petits pains et des brioches. Tu bosses chez toi donc tu prends le temps de déjeuner tranquillement. Tu prends le temps pour tout, d'ailleurs. Simplement. Et tes potes, ils viennent te voir quand ils ont des vacances et c'est eux qui te ramènent les pin'tjes et les gueuzes car franchement, rien ne vaut la bière belge !
Melinda
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